les rosés

 

Préambule

 

Sorti de la faculté de pharmacie de Montpellier avec un diplôme national d'oenologie en poche, me voilà propulsé dans un univers qui m'était alors complètement étranger. Je crois que la plus grande chance que j'ai eue, est d'avoir fait mes apprentissages de vinificateur sous les ordres de Jean Etienne Guibert, oenologue à Tain l'Hermitage, grand pédagogue qui s'ignore. L'intérêt et la passion allaient naître rapidement. Les masses d'énergie mises en oeuvre au sein d'une grosse cave durant vendange ne peuvent laisser indiffèrent n'importe quel observateur un temps soit peu à l'écoute:

- le bruit important des machines scandant chacune leur propre rythme, donnant à chaque cuverie une musicalité très précise,

- le mouvement incessant des personnes qui travaillent et transforment le lieu en une ruche,

- le moins palpable et le plus impressionnant est de "sentir" cette quantité considérable et invisible de micro-organismes en pleine activité se manifestant par des bouillonnements tumultueux, ou des dégagements gazeux, ou encore la libération de chaleur...

- puis, il y a les odeurs qui changent rapidement au fil des pas, qui sont autant d'informations que d'indicateurs.

De 1982 à aujourd'hui je n'ai pas manqué une seule occasion de vinifier et ce, en différents lieux : Côtes du Rhône Septentrionales, Beaujolais, Côtes du Ventoux, Pomerol et Côtes de Vayres, Côteaux du Languedoc, Pic Saint Loup, dans l'Hérault, pour le compte d'une bonne douzaine de caves. Ces multiples contrats m'ont permis d'acquérir une connaissance assez large sur les manières de faire du vin. Force est de constater que le milieu viti-vini est extrêmement cloisonné, que la communication n'y est pas naturelle, pas plus que celle d'un clocher à un autre. J'ai appris chez tous, je leur ai laissé ce qu'ils ont bien voulu prendre. Aujourd'hui je suis dans le Sud, en Languedoc, au coeur du plus grand vignoble du monde (et oui, pas moins !), considéré comme celui qui représente le plus important potentiel. Alors après tout ça, ne vous étonnez pas de l'orientation du discours, et sachez que c'est ce Sud que je défends.