Remontage, délestage,
pigeage
Qu'ès acquo
?
Il s'agit de différentes
opérations mécaniques au cours de la macération
qui ont les objectifs suivants :
- Homogénéiser
phase liquide et phase solide afin de favoriser l'extraction et la diffusion.
Si l'on ne remue pas le sachet de thé dans un bol d'eau chaude, la
diffusion reste localisée autour de celui-ci.
- Durant
les cuvaisons longues, après FOL, la production de CO2 s'arrête
et la protection des cuves en vidange n'est plus assurée. Il est nécessaire
d'empêcher la piqûre acétique du chapeau de marc par
des micro-organismes aérobies. Un lessivage soigné les noie.
Tout manquement à ce principe aboutit à des piqûres acétiques
révélées par une montée d'acidité volatile
et par des déviations aromatiques, le tout avec des niveaux de préjudice
variable.
- Homogénéiser
la température : l'activité levurienne plus intense dans le
chapeau de marc a tendance à l'échauffer.
- Réguler les
apports en oxygène et dessaturer partiellement le liquide du CO2 émis
par les levures.
Comment ?
Le remontage.
Procédé
consistant à prendre les jus au bas de la cuve pour les remettre en haut,
sur le chapeau de marc, avec ou sans passage à l'air.
La réussite d'un
remontage dépend essentiellement du mode d'aspersion du chapeau : brise
jet, tourniquet, asperseurs... Sans cela le liquide traverse le marc par des
chemins préférentiels, comparables à un réseau de
rivières souterraines, et les objectifs ne sont pas atteints.
La pompe doit êtres
adaptée au volume de la cuve ; elle est capable de pomper le volume de
la cuve en 1 heure. De plus l'ingestion de petites parties solides, baies, pépins...
ne doit en rien compromette son fonctionnement.
La durée et la
fréquence des remontages sont variables et adaptés à chaque
cuve. Généralement on pratique un remontage toutes les 12 heures,
sur un demi volume de la cuve, soit 1/2 heure pour une cuve de 100 Hl, avec
une pompe à 100 Hl/H. Ces variables sont adaptées au cas par cas,
en fonction de la réponse de la matière première et des
objectifs escomptés. Deux petits remontages à intervalle régulier
valent mieux qu'un gros...
Si aucun système
d'aération n'est prévu, l'absence de remontage expose le vinificateur
à des problèmes fermentaires par manque d'oxygène, et le
prive d'une fraction de matière extractible. L'abus de remontage conduit
à l'obtention de vin dur, amer, herbacée, astringent.
Une
petite démo ?
Le délestage
Le délestage
se pratique comme un remontage, ou en alternance avec celui-ci. Toute les combinaisons
sont imaginables. Un délestage se fait en 2 temps
- On écoule la
cuve : on ouvre la vanne et on laisse la cuve se vider par gravité.
Lorsque tous les jus sont écoulés, le chapeau de marc qui flottait
vient se poser au fond de la cuve et s'autopresse sous son propre poids. C'est
un "pressurage" doux et progressif. Si l'on pratique des délestages
à intervalles réguliers, on observe aisément l'augmentation
du volume de jus écoulé. Un ajout d'enzymes pectolytiques qui
accélèrent la déstructuration des enveloppes cellulaires
va amplifier les effets du délestage. Cette première étape
favorise la libération des jus.
- On réintègre
les jus écoulés dans leur cuve d'origine, par dessus, afin de
bien arroser et noyer le chapeau de marc. La réussite de cette seconde
étape du délestage est conditionnée par le débit
de la pompe employée. Une pompe à gros débit est indispensable
( proportionnellement au volume de la cuve ) pour noyer le chapeau qui ne
demande qu'a flotter ! Le liquide doit monter plus vite que le solide pour
les raisons suivantes : le liquide percolera le chapeau dans son intégralité,
optimisant au mieux extraction et diffusion . Puis il faut noyer les
bactéries aérobies qui ne demandent qu'à piquer la surface
aérienne du chapeau. A chaque délestage la cuve étant
vidée, un volume important d'air se mélange au gaz carbonique
qui assurait une protection. Et c'est d'autant plus vrai sur les macérations
longues, après FOL. Si il n'est pas possible de mouiller le chapeau
efficacement, attention danger !!!
Le pigeage
C'est la technique la
plus ancienne : à l'aide d'un pilon manié à bout de bras,
le vinificateur casse et noie le chapeau accessible dans les cuves de fermentation
ouvertes.
Le progrès aidant,
le pigeage revient maintenant à des robots. Le principe est de noyer
le chapeau par immersion et non plus par déplacement de la phase liquide.
Pour les cuve fermées, une patte à 3 ou 4 doigts est introduite
par la trappe. Une foie celle-ci passée, les doigts se déplient
pour former une croix qui va enfoncer le chapeau jusqu'au fond de la cuve. Pour
les cuves ouvertes ( chapeau flottant ) un disque monté sur un vérin
enfonce le chapeau. Il sagit toujours de gros matériel qui doit s'intégrer
dans une conception globale de cuverie. Je n'ai jamais pratiqué ...
Le
turbopigeur
Le turbopigeur est un
outil original de conception récente - 1996 - terriblement efficace,
pour effectuer des remontages. Il se présente sous la forme d'un tube
intégrant une turbine, que l'on introduit dans la cuve. Un
petit dessin vaut mieux qu'un grand discourt. Cet appareil présente
avantages et inconvénients. Commençons par le positif :
- Arrosage parfait du
chapeau, avec un débit variable, atteignant des valeurs très
élevées
- Ce débit important
diminue de façon significative la durée des interventions. Comparativement
à un remontage à la pompe, le temps est divisé par 3
à 4 !
- L'injecteur d'air
avec compteur permet de mieux quantifier les apports en oxygène et
affine la gestion du couple oxydo-réducteur.
- Plus de tuyaux, de
pompes qui encombrent et que d'escaliers en moins à parcourir !
- Le
turbopigeur sert à d'autres applications : collage, remise en suspension
des lies.
Et les quelques cotés
négatifs : nothing is perfect !
- Le poids de l'outil
rend son maniement assez physique et ne convient pas aux petits gabarits ...
- Il faut une hauteur
sous plafond suffisante pour entrer ou sortir aisément le turbopigeur
de la cuve.
- Les drains placés
en fond de cuve pour filtrer grossièrement les jus ne sont plus régulièrement
nettoyer et déboucher au cour des remontages quotidiens. Les jus mise
en circulation sont filtrés par le chapeau de marc diminuant ainsi
les volumes de lies. Les drains finissent par se boucher et l'écoulage
des cuves en fin de macération devient problématique.
Globalement, cette machine
permet d'économiser beaucoup de temps, avec une souplesse d'emploi très
grande grâce à ces minuteurs, pour un résultat oenologique
excellent.(... je m'étais promis de ne faire de pub pour personne ...)